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"Quand je regarde le live de la visite théâtralisée "En voiture Simone !", avec Micheline et Bernard, je ne peux pas m’empêcher de penser que la COVID-19 a aussi été un facteur de créativité !"

Portrait Jean Rottner

En quoi la Cité du Train s’inscrit-elle dans le patrimoine industriel territorial et contribue-t-il à l’attractivité touristique et économique de la Région Grand Est ?

Le Grand Est est historiquement une terre d’industrie, que l’on pense au textile dans l’Aube et les Vosges, à la sidérurgie en Lorraine ou à la potasse dans le Haut-Rhin. Ces activités fortement ancrées dans le territoire ont contribué à façonner les mentalités, les paysages, les héritages et l’économie contemporaine.

Les touristes ont la volonté de remonter le fil de l’histoire des lieux sur lesquels ils jettent leur dévolu et c’est pourquoi les grands musées techniques mulhousiens, que l’on pense à Electropolis, à la Cité de l’Automobile ou évidemment à la Cité du Train ont tant de succès.

Cette dernière a vu le jour en 1971 et son pouvoir d’attraction n’a jamais été démenti, le chemin de fer ayant constitué une révolution partie d’Angleterre qui a très vite conquis la terre entière. Cette matière est d’autant plus passionnante que le ferroviaire est, en nos temps de crise climatique, remis au goût du jour de par la faible pollution qu’il génère comparativement à l’avion ou la voiture, par exemple. C’est un objet à fort potentiel d’innovation, le train à hydrogène étant en passe d’être diffusé à grande échelle ! Le musée a donc de très beaux jours devant lui et une histoire sans cesse renouvelée à raconter.

 

La Cité du Train fait partie des 121 musées bénéficiant de l’appellation “Musée de France” dans le Grand Est. Quel soutien la Région leur apporte-t-elle ?

La Région soutient les « Musées de France » dans leurs projets structurants, par exemple la construction ou la rénovation des réserves, des espaces muséographiques et l’évolution de leur scénographie. Elle privilégie les projets qui s’emploient à proposer un plan d’ensemble et une vision à long terme.

En matière patrimoniale, comme dans l’ensemble de nos politiques, nous avons besoin de stratégies et de grands objectifs : la collectivité se refuse à colmater, elle veut élaborer des stratégies d’avenir en lien avec les acteurs de la Culture qui sont les mieux à même de nous éclairer sur leurs besoins. C’est par ce biais que nous concevrons le musée de demain.

Concernant les financements, nous accompagnons les porteurs de projet dans la recherche de crédits européens et –de manière générale- privilégions l’investissement au fonctionnement. Par ailleurs, pour être attractives, les collections se doivent d’être renouvelées. À ce titre, le Grand Est aide à l’enrichissement des collections via le Fond régional d’acquisition des musées (FRAM) auquel la Cité du Train est parfaitement éligible !

 

Jean Rottner (au centre de la photo), entouré de Charles Buttner (sur sa gauche) et de Guillaume Pépy (sur sa droite) lors de l’inauguration du Tram-Train à la Cité du Train en 2010.

 

Certains musées mulhousiens, comme la Cité du Train, ont la particularité d’être gérés par des associations. À l’heure des partenariats public/privé de plus en plus présents, comment développer un tel dispositif dans un établissement muséal ?

Le montage juridique auquel vous faites allusion est complexe et n’est pas, pour l’heure, mis en œuvre dans les musées. La Cité du Train est un établissement privé recevant des aides publiques. De même que pour les autres musées de Mulhouse, une réflexion globale est actuellement en cours avec les différentes collectivités à la manœuvre, la DRAC et les exécutifs des musées, afin de simplifier et d’harmoniser leur gouvernance.

Il semble important que les bénévoles puissent continuer à s’impliquer dans la vie des établissements tant leur engagement est riche et porteur. Pour autant, une professionnalisation, notamment en ce qui concerne la conservation, est nécessaire. Nous cherchons donc un juste équilibre dans le double intérêt des collections et des visiteurs.

 

Dans une ville rapidement et fortement touchée par la crise sanitaire dès ses débuts, les musées et l’ensemble des acteurs mulhousiens ont su se mobiliser pour réinventer l’accès à la culture. Que vous a inspiré cette période particulière ?

Il est vrai que Mulhouse a été frappée de plein fouet par la pandémie, tout particulièrement pendant la première vague. Comme vous le savez peut-être, étant urgentiste de formation, je suis retourné à l’hôpital, lequel était littéralement saturé et ai joué le rôle de lanceur d’alerte à l’égard du Gouvernement. Pendant cette période, j’ai –comme l’ensemble des professionnels de santé et du personnel politique- paré au plus pressé. Je me suis rendu au chevet des malades mais mon équipe, élus et services, a continué à se battre pour maintenir la tête du monde culturel hors de l’eau. Plus que jamais nous avons travaillé avec la DRAC et les acteurs du territoire pour prendre le pouls et trouver des solutions rapides et efficaces telles que les captations de spectacles vivants, la création d’une plateforme de vente en ligne pour les librairies indépendantes etc.

Nous l’avons constaté a posteriori, nos concitoyens ont consommé beaucoup de Culture pendant cette période : ils ont énormément lu, visionné de films, écouté de musique. Nombreux, également, sont ceux qui ont profité du confinement pour adopter des pratiques culturelles telles la musique ou l’écriture. Les éditeurs affirment d’ailleurs qu’ils n’ont jamais reçu tant de manuscrits qu’en mai 2020.

Je sais que pour les musées, comme pour les théâtres et les cinémas, l’année et demi qui vient de s’écouler a été pénible en raison des fermetures et des restrictions à répétition. Je suis pourtant très fier de constater l’agilité des professionnels du secteur qui ont su faire de ces moments très spéciaux une chance. Quand je regarde la visite théâtralisée “En voiture Simone !” filmée pendant le deuxième confinement, avec Micheline et Bernard, , je ne peux pas m’empêcher de penser que la COVID-19 a aussi été un facteur de créativité !

 

Avez-vous un souvenir, une anecdote au sujet de la Cité du Train que vous souhaitez partager ?

Je me rappelle de la première fois où j’ai vu le grand réseau ferré miniature en fin de visite.  Un spectacle fascinant avec des vallées, des tunnels et des forêts à portée de main qui faisait rêver tous les enfants présents autour. C’était particulièrement captivant que de suivre du regard ces petits trains circulant imperturbablement. J’en garde un souvenir émerveillé !