12 juin 1971

C’est à cette date que le Musée Français du Chemin de Fer ouvre ses portes au public au sein de la demi-rotonde du dépôt de Mulhouse-Nord, rue Josué Hofer. Le début d’une histoire qui continue de s’écrire jour après jour.

Une mémoire
collective

À la veille de la Première Guerre mondiale, le tourisme s’accélère en France. Les grandes compagnies poursuivent ainsi le déploiement de leurs publications et leur participation aux expositions nationales et internationales. Les monuments et lieux de culture desservis par les grands réseaux s’imposent définitivement comme des arguments commerciaux.

Une de la Revue Mensuelle des Apprentis et Organe de l’Association Amicale des Anciens Apprentis P.O.
Une de la Revue Mensuelle des Apprentis et Organe de l’Association Amicale des Anciens Apprentis P.O., Huitième année, n°86, Avril 1927, Collection Cité du Train

“Et l’on serait tenté de sourire de prendre pour un rêve cette évocation du premier “chemin à rails” français ; cependant, rien de plus exact, il a bien existé, il en reste quelques vestiges, des souvenirs, des reliques, un pont, une plateforme, pour servir de “témoins” et jalonner la route du progrès.”

– F.L. in Revue Mensuelle des Apprentis et Organe de l’Association Amicale des Anciens Apprentis P.O., n°86, Avril 1927

Dans les années 20 et 30, les entreprises débloquent progressivement des budgets liés à la publicité. En avril 1927, à travers la une de sa revue mensuelle, la compagnie du Paris-Orléans encourage ses apprentis à s’inscrire dans l’histoire du “chemin à rails”. En commémorant les cent ans de la première ligne ferroviaire entre Saint-Étienne et Andrézieux, la compagnie le rappelle : l’histoire ferroviaire, tournée vers le passé, s’écrit également au présent et au futur. Dans ce contexte, chaque cheminot y contribue à l’échelle individuelle et collective.

1937 : Une locomotive
didactique

C’est en 1937 que s’inaugure l’Exposition Internationale de Paris. Localisé non loin de la gare des Invalides, le Pavillon des chemins de fer permet aux compagnies de présenter les dernières innovations ferroviaires.
À l’entrée du Pavillon, ornée d’une large fresque de Robert et Sonia Delaunay, une locomotive attire l’œil des visiteurs. Il s’agit de la 232 Baltic n°3.1102 Nord aujourd’hui exposée à la Cité du Train. Sa particularité ? Avoir été coupée en deux dans un souci didactique et présenter des “dispositifs lumineux” simulant les “trajets des gaz et de la vapeur”. Approchez-vous, la “vie intérieure d’une locomotive” n’aura bientôt plus de secret pour vous !

Revue RCF exposition 1937, page de garde, 1937, Collection Cité du Train
Revue RCF exposition 1937, page de garde, 1937, Collection Cité du Train

Création de la SNCF en 1938 et
relance d’un projet muséal À lA VEILLE
de la Libération

“En application du décret-loi de 1937, les 5 grandes compagnies ferroviaires du pays sont fusionnées, le 1er janvier 1938, afin de donner naissance officiellement à la Société nationale des chemins de fer français. Le réseau français compte alors 515 000 cheminots et 42 700 km de voies”

 

 

1er janvier 1938. La Société Nationale des Chemins de Fer est créée. Cinq ans plus tard, en 1944, l’idée d’ériger un musée consacré au chemin de fer est relancée. L’Association Française des Amis des Chemins de Fer (AFAC) fondée en 1929 s’affirme dans ce cadre comme un acteur majeur de défense de ce grand dessein. Paris s’impose alors comme la ville idéale pour accueillir ce nouvel établissement. Mais le projet, suspendu en 1949 pour des raisons principalement économiques, est finalement reconduit à “des temps meilleurs”.
La Crampton comme monument

De la vapeur
au turbotrain

Jean Pierre Defrain, Dernière Pacific, ORTF, extrait du Journal Télévisé de 20h, 12 janvier 1969, vidéo INA

Les années 60 et 70 marquent l’abandon progressif des locomotives à vapeur. Alors que la traction diesel et électrique s’impose sur le réseau, les Français assistent simultanément aux essais de l’aérotrain et au développement des turbotrains, ancêtres du TGV. Le film INA intitulé Dernière Pacific cristallise à lui tout seul la fin de cette période charnière mêlant nostalgie et expérimentation.

Le conducteur titulaire, descendant de sa cabine, répond avec une vive émotion aux questions du journaliste. Si le cheminot souligne que l’”on ne peut lutter contre le modernisme”, il rappelle également ce que représentait pour lui la vapeur : “une vie d’équipe” et l’”amour de la machine”.